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Die Helden von Tsingtau

Il y a une dizaine d’années, l’historien allemand Hans-Joachim Schmidt, découvre dans le grenier de sa maison nouvellement acquise à Kutzhof dans la Saar,  des photos et des notes de l'ancien propriétaire qui avait été interné comme prisonnier de guerre au Japon pendant la Première Guerre mondiale. Hans-Joachim Schmidt commence alors une recherche historique et biographique sans précédent.
 
Dès 1850, les allemands cherchaient à établir une base permanente en Chine. Quingdao, rebaptisé « Tsingtau » par les allemands, retint leur attention. En 6 ans, ce village de pêcheurs se transforme en une ville moderne de 30 000 habitants. Connue mondialement de par sa bière, brassée aujourd'hui encore selon le "deutsches Reinheitsgebot", Quingdao est maintenant une métropole de 2,7 millions d’habitants. Les principales administrations chinoises occupent encore les solides bâtiments à l'architecture toute bavaroise qui avaient été construits pour durer.
Le Japon, proche voisin de la Chine, voyait d'un très mauvais œil cette expansion ultra rapide.
 
Les Japonais intimèrent aux Allemands, par ultimatum du 13 août 1914, de quitter Quingdao sous cinq jours. Devant son refus, les Japonais déclarèrent la guerre à l'Allemagne le 23 août 1914. La bataille de Tsingtau commença le 31 octobre et dura 7 jours. Les allemands tirèrent jusqu'au dernier obus.
 
Environ 5 000 hommes, "Die Helden von Tsingtau" (les héros de Tsingtau) partirent en détention à Bando au Japon dans 20 camps aménagés provisoirement pour l'occasion.
L’allemande Brigitte Krause a réalisé un film "Feinde-Brüder" retraçant ce que furent les conditions de détention, pendant plus de 5 ans, de ces 5 000 hommes.
A partir de documents d'époque, de témoignages et de ce qui reste de Bando, le principal camp devenu musée, elle a fait faire un bond en arrière de 100 ans dans le monde colonial de l'époque qui ne paraissait pas aussi utopique que l'on pourrait le penser aujourd'hui.
 
Les évasions étant quasiment impossibles, les prisonniers ont au fil des mois, réussi à fonder une communauté avec une certaine autonomie. Ils élevaient des animaux et avaient construit des boucheries, des boulangeries et autres échoppes nécessaires à leur survie. Durant leur internement, les prisonniers avaient également formé une équipe de football et, surtout, un orchestre qui avait produit plus d'une centaine de concerts entre 1917 et 1920. Le 1er juin 1918, les prisonniers interprètent pour la première fois au Japon la Neuvième Symphonie de Beethoven. Cet événement est à l'origine de la popularité de la symphonie dans le pays, jouée à chaque Nouvel An. Durant ces longues années de captivité, des liens se sont naturellement créés entre ces hommes et la population féminine locale et une descendance souvent non reconnue est aujourd’hui éparpillée sur les deux continents.     
 
Hans-Joachim Schmidt a transcrit une liste de 190 alsaciens et lorrains figurant parmi les héros de Tsingtau, l’Alsace et une partie de la Lorraine étant à cette époque terre d’Empire « Reichsland ». 
                                          Une partie de l’orchestre - Photo : Wikipédia
 
La liste des 190 alsaciens et lorrains est consultable auprès de Bernard Linder, de préférence par e-mail à l’adresse suivante : linderbernard@orange.fr
 
 
  
© Bernard LINDER