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1525 - LA GUERRE DES PAYSANS

 Vers 1520, les réformateurs de la nouvelle religion évangélique bousculent les façons de penser. Le renouveau spirituel se double dans les campagnes de la revendication d’un mieux-être matériel. Une crise larvée couve depuis le milieu du 15ème siècle. Les mécontents ont adopté comme symbole le « soulier à lacets » (Bundschuh) en opposition à la botte à éperons seigneuriale. Cette grande crise sociale touche l’Allemagne du centre et du Sud, à l’exception de la Bavière, là où le régime seigneurial est relativement faible puis, plus tard la Suisse.
 
Fin février 1525 douze articles exprimant les principales revendications de la paysannerie sont rédigés dans le sud de la Forêt-Noire. Ils vont devenir la charte des insurgés. Au printemps 1525, les paysans alsaciens ne font que suivre le mouvement général puis se soulèvent soudainement avec violence le 14 avril. Ils réclament l’abolition du servage et un calcul plus juste des impôts et corvées. Ce n’est pas seulement un soulèvement de la misère. Les paysans riches participent avec élan au mouvement, en prennent la tête, apportant leur expérience. Sans eux l’insurrection se serait bornée à des pillages incohérents.
 
Les paysans se rassemblent, prennent d’assaut les abbayes possédant des approvisionnements importants en blé et en vin, y installent leur quartier général comme à Marmoutier, Altorf ou Stephansfeld. Erasme Gerber prend la tête des bandes alsaciennes de « rustauds » alors que dans d’autres régions le commandement est éclaté.
La troisième étape prévoie l’alliance avec les villes et l’occupation des places fortes. Les grandes villes refusent d’ouvrir leurs portes par peur des représailles seigneuriales. Luther publie un violent pamphlet contre les révoltés. Les chances de succès deviennent infimes.
 
Le duc de Lorraine descend en Alsace pour préserver ses terres de la contagion mais aussi pour éliminer « les mécréants et séduits luthériens » C’est la première guerre de religion du 16ème siècle. En face de cette armée de métier, les paysans alsaciens, malgré leur nombre et leur courage sont voués à la défaite. Ils sont massacrés à Saverne. 
 
                                                   La bataille de Saverne
 
Alors que quelques femmes et enfants ont réussi à se réfugier dans le château du Kochersberg, 3000 à 4000 rustauds réfugiés dans le cimetière de Lupstein, sont massacrés ou brûlés vifs dans  l’église par le duc Antoine de Lorraine le 17 mai 1525. Le sang mêlé aux cendres coule dans les rues jusqu’à la Zorn. Le village est entièrement détruit.
Les corps des paysans sont jetés dans une fosse commune puis bien plus tard exhumés pour être déposés dans l’ossuaire de Lupstein. Jusqu’à une date récente un écriteau en bois accroché dans l’ossuaire portait la mention suivante « Hutet euch vor dem Lothringer », méfiez-vous du duc de Lorraine ! Le tableau a disparu en même temps que de nombreux ossements pillés par des collectionneurs.
 

© Bernard Linder